La canne de Provence ou « Arundo Donax », a traversé les âges et les usages.
Dans la nature, on la trouve principalement autour du bassin méditerranéen, en Provence et en Espagne sur les berges des cours d’eaux servant entre autre de contrefort à celles-ci et purifiant en partie l’eau par phyto épuration.
Dans la construction, le matériau servait autrefois, et notamment en Provence de support d’enduits de plâtre dans les habitations anciennes, pour la création de cloisons et faux plafonds, avec de faibles besoins en contrainte mécanique. Malgré ses faibles qualités en termes de résistance à la fatigue et une élasticité faible, ce matériau présente toutefois de bonnes qualités en termes de régulation et transfert de l’humidité, et des qualités isolantes plutôt correctes.
De plus, il faut attendre 15 ans, en moyenne, pour qu’un arbre atteigne une taille exploitable. Alors que la canne de Provence peut se récolter trois fois dans l’année. On aura alors besoin de 7 à 8 fois moins de surface au sol pour produire le même volume de matériau et séquestrer donc d’autant plus de CO2.
Cela en fait un matériau intéressant pour la construction qui permet de lutter contre la déforestation et de réduire, à la fois les coûts et l’impact environnemental des bâtiments.
Dans les produits manufacturés, la startup Plantd a par exemple réussi à créer un matériau avec les mêmes propriétés et le même aspect que les panneaux OSB, mais qui a l’avantage d’être plus solide, plus léger et plus résistant à l’humidité.
Voici pour le préambule.

En Aout 2024, l’atelier Mare a pris contact avec bøské pour l’étude technique de la cabane « Arundo », lauréate du concours organisé par la Villa Médicis de Rome, dans le cadre du festival des cabanes 2025 et réalisée en grande partie en canne de Provence, avec pour principale ambition de démontrer un intérêt structurel pour ce matériau.
Au-delà de l’aspect esthétique, Arundo représentait surtout un défi technique.
En effet, faire le choix de la canne de Provence, c’était faire le choix d’un matériau sur lequel aucune caractérisation n’existe.
Rapidement, il nous a fallu faire des choix techniques pour limiter l’usage que nous aurions du matériau, au temps et aux moyens que nous avions. Difficile en effet d’avoir des valeurs de résistances suivant plusieurs direction, en flexion, en cisaillement… sans passer par une batterie de tests et des équipements que nous n’avions pas. C’est pour cela que les cannes misent en œuvre ne sont sollicitées que quasi exclusivement en compression axiale. Cependant, pour être certain que le flambement ne serait pas problématique, nous avons crée un portique type à l’échelle 1:1 et soumis aux efforts maximums suivants les combinaisons de cas de charges établies par l’Eurocode 5 et donnés par notre modèle de calcul.
Par ailleurs, pour étayer nos hypothèses, nous avons pu bénéficier de l’appui de l’ ENSAPM (École Nationale Supérieure d’Architecture Paris-Malaquais) grâce notamment Robert Leroy, qui a réalisé les essais laboratoire en compression axiale. Ce rapport d’essais est disponible en consultation et en téléchargement au bas de cet article.
La combinaison des actions menées nous a permis d’établir une note de calcul et de réviser les possibilités que nous avions d’utiliser la canne de la meilleure des façons, aux endroits les plus cohérents avec ses propriétés.



Après validation de notre note de calcul par un bureau de contrôle dédié au festival, la modélisation 3D est arrivée pour établir les plans de fabrication et d’assemblages et définir les besoins matériels.

Entres workshops avec des institution locales et relais entre les différent acteurs du projet, un mois sur place a suffit à l’équipe pour le montage.
La cabane est exposée dans les jardins de la Villa Médicis, du 5 juin au 29 septembre 2025.


Cabane « Arundo », Villa Medici 2025 / crédit photo Daniele Molajoli

